Lorenz Bäumer: créateur de bijoux, rêveur, artiste
Enfant, le joaillier Lorenz Bäumer aimait regarder sa mère s’apprêter pour les réceptions et mettre ses beaux bijoux. «Elle n’était plus ma mère, elle devenait une princesse! J’ai toujours voulu transformer les femmes en princesses, pour qu’elles se sentent bien dans leur peau, dit Lorenz Bäumer. J’ai commencé par des bijoux fantaisie et mes premières clientes étaient les amies de ma mère.» L’une d’entre elles lui demanda de remonter un bijou en diamant qu’elle n’aimait pas, il lui en créa une bague et le reste, comme on dit, c’est de l’histoire, histoire de diamants.
Lorenz Bäumer évoque ses souvenirs depuis son superbe atelier-boutique situé au 19, place Vendôme, à Paris, un lieu qui est bien plus qu’un simple point de vente. Venez le voir (lorsque nous serons à nouveau libres de voyager!) et Lorenz Bäumer vous montrera sa collection d’art et peut-être vous invitera-t-il à partager un whisky provenant de sa réserve personnelle.
“J’utilise les diamants comme moyen de peindre avec la lumière.”
Son atelier est éclectique, à l’image de son histoire. Aujourd’hui installé au cœur de Paris, où il revendique le fait d’être le seul bijoutier indépendant niché au milieu des sièges sociaux de nombreuses grandes maisons. Lorenz Bäumer est fils de diplomate, il a grandi aux quatre coins du monde. Si les paysages et les sons dont il s’est imprégné ont fini par inspirer ses bijoux, sa formation initiale était celle d’ingénieur.
«Je voulais faire plaisir à mes parents et en France, l’une des voies les plus courues pour ses études est de faire une école d’ingénieurs, se souvient-il. Mais une fois le diplôme en poche, je me suis dit et si je m’amusais un peu en créant de beaux bijoux?»
Et il créa des bijoux.
Lorenz Bäumer dit avec humour que sa vraie date de naissance se situe en 1992, année où il a commencé à confectionner des bijoux. Depuis ce jour, il a travaillé dans les plus grandes maisons du monde, occupant le poste de directeur artistique de la joaillerie chez Chanel pendant 20 ans et lançant la première ligne de bijoux Louis Vuitton en 2007.
En 2010, Lorenz Bäumer participe à un concours pour créer un diadème en diamants pour le mariage de la nageuse olympique Charlène Wittstock avec le prince Albert II de Monaco. Il remporte le concours avec une création baptisée «Écume de diamants». À la fois moderne et résolument extravagant, ce joyau rend hommage à l’amour de la mariée pour l’eau et arbore onze diamants de taille poire dont le plus imposant pèse à lui seul 8 carats, et un pavage de diamants ronds et baguettes disposés sur de fins fils d’or blanc.
La sensibilité de Lorenz Bäumer est pleine d’esprit et d’insouciance et les diamants ont toujours été au cœur de cette vision. «Le diamant est la pierre la plus dure, la plus résistante et la plus transparente, et il reflète et brille plus que toute autre pierre précieuse, dit-il. J’utilise les diamants comme moyen de peindre avec la lumière. J’aime prendre des diamants ronds et de larges baguettes et les associer avec de l’or brillant. J’aime utiliser des diamants blancs pour refléter l’or blanc. Et j’aime aussi les pierres de couleur: les roses, les oranges et les bruns.»
Le designer présente ces pierres de manière fringante et ludique. Prenez par exemple sa collection Good Girl – Bad Girl, des pièces aux têtes de mort, araignées et scarabées en diamants blancs et noirs qui revisitent le côté obscur avec charme et élégance: «Nous voulons tous être maléfiques parfois! Je pense que les femmes veulent être un peu maléfiques, mais pas trop. Il faut savoir doser deux facettes d’une même personnalité.» Il y a aussi un pendentif que l’on peut retourner, selon que l’on se sent combatif un jour ou serein le lendemain: un côté représente des revolvers, l’autre une colombe: «Il s’agit de guerre et de paix», explique Lorenz Bäumer
D’autres pièces sont résolument plus sentimentales: la collection Pense à Moi propose des nœuds sertis de diamants, avec le plus souvent au centre une pierre de couleur, rubis brillant ou autre tanzanite, inspirés des délicats mouchoirs que portait la grand-mère de Lorenz Bäumer. Il se souvient qu’elle faisait un nœud dans le coin du mouchoir lorsqu’elle voulait se souvenir de quelque chose. «C’est un symbole, dit le créateur, des liens mystérieux qui nous unissent; un message secret et unique entre deux personnes.»
Ou encore l’étonnante collection Diamants Tatoués qui invite à graver une image personnalisée sur la surface d’un diamant. «Les gens adorent avoir des tatouages sur leur corps, note Lorenz Bäumer, alors pourquoi pas sur une bague?»
Lorenz Bäumer n’aime rien de plus que de travailler avec des clients individuellement, que ce soit pour discuter de la gravure pour leur tatouage original de leur diamant ou même pour créer une pièce entièrement personnalisée. «Pour moi, il est important de tisser des liens avec les personnes qui vous aiment et que vous aimez, dit-il. Cela revient à s’aimer soi-même!»