Sophistiqués et célèbres: les diamants de couleur les plus prestigieux du monde
Lorsque les hommes ont découvert les premiers diamants naturels il y a environ 3000 ans, ils ont immédiatement su que ces pierres étaient spéciales. En fait, certains croyaient même qu’elles possédaient des propriétés magiques.
D’abord appelé vajra, signifiant «coup de tonnerre» en sanskrit, certains pensaient que les diamants naturels étaient formés par des éclairs; d’autres ont émis l’hypothèse qu’ils étaient les larmes de Dieu. Au fur et à mesure que leur rareté et leur valeur se sont avérées, l’enchantement autour des diamants s’est accentué. Inutile de dire qu’il n’a pas fallu longtemps avant que les diamants les plus précieux deviennent la propriété des personnes les plus riches et les plus influentes du monde.
Il s’avère que bon nombre de diamants de renom qui ont attiré les acheteurs les plus avisés sont des diamants de couleur. Passant ainsi entre d’innombrables mains à travers le monde, leur renommée et leur histoire s’enrichissent.
Le diamant Hope: un diamant naturel bleu extrêmement prisé
Hope est l’un des diamants de couleur le plus admiré et le plus mystérieux au monde.
Photo: Don Hurlbert / Smithsonian
Le diamant a été volé, vendu et échangé… cumulant ainsi une longue liste de propriétaires dont Louis XIV, Henry Philip Hope et Pierre Cartier.
Pour finir, Harry Winston fit don de la pierre au Smithsonian Institute, en leur expédiant le diamant par colis postal.
Photo : Bettmann / Getty
C’est ainsi, que de nos jours, il est admiré par pas moins de 3 millions de visiteurs par an, à Washington, DC.
Photo: Bettmann / Getty
Trônant au Smithsonian Museum de Washington, le diamant Hope est le plus célèbre au monde, attirant pas moins de trois millions de visiteurs par an. Son origine remonte au légendaire marchand français Jean Baptiste Tavernier, qui a acheté le diamant de 112 carats de la région de Golconde en Inde. À l’époque, il était de forme triangulaire grossièrement taillé. En 1668, Tavernier vend le diamant au roi Louis XIV, qui le fait tailler à nouveau et le place dans une broche, le baptisant «Bleu de France» (en anglais : French Blue). Plus tard, en 1791, Louis XVI et Marie-Antoinette tentent de fuir la France, remettant le diamant au gouvernement duquel il est dérobé. La décapitation de Marie-Antoinette a été le premier des grands malheurs que les nombreux propriétaires successifs du diamant ont subis, entraînant à penser que le diamant Hope serait maudit.
Après son vol, le diamant refait surface au début des années 1800, retaillé dans sa forme actuelle. Le roi George IV posséda la pierre jusqu’à sa mort, puis elle aurait été vendue par le biais d’une filière privée. De manière surprenante, le diamant refait surface en 1839 entre les mains de Henry Philip Hope, de qui le diamant tire son nom. La famille Hope conserve le diamant jusqu’en 1901, date à laquelle il a été acheté par Pierre Cartier et vendu à Mme Evalyn Walsh McLean, après avoir été transformé en collier, configuration que nous connaissons toujours aujourd’hui.
Le célèbre bijoutier Harry Winston devient le prochain propriétaire du diamant, présentant la pierre lors d’expositions et d’événements caritatifs pendant dix ans avant d’en faire don à la Smithsonian Institution en 1958. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Winston fit parvenir le diamant depuis New York à Washington par l’intermédiaire de la poste américaine.
Pesant actuellement 45,52 carats, le diamant Hope est classé dans la catégorie des diamants gris-bleu foncé. Sa caractéristique la plus singulière est peut-être qu’il brille d’une forte couleur rouge pendant plusieurs secondes après avoir été exposé à la lumière ultraviolette, un phénomène appelé phosphorescence. Quelle est la valeur actuelle d’une telle rareté et d’une telle importance historique ? Une coquette somme de 400 millions de dollars.
Le diamant Tiffany : L’un des diamants naturels jaunes les plus beaux au monde
Quand le diamant Tiffany a été découvert en 1877, c’était une pierre brute de 287,42 carats.
Pour célébrer son 175e anniversaire, Tiffany & Co a serti le diamant dans un collier composé de 481 diamants.
Parmi les plus beaux diamants jaunes au monde, le diamant Tiffany a été découvert dans la célèbre mine de diamants de Kimberley, en Afrique du Sud, et pesant 287,42 carats. Il a été vendu à Charles Lewis Tiffany, le fondateur de Tiffany & Co, pour environ 18 000 dollars, une fortune à l’époque.
Les tailleurs ont étudié la pierre brute pendant une année entière afin de déterminer la meilleure façon de mettre en valeur sa beauté. Finalement, elle a été taillée en coussin brillant de 128,54 carats comme aucune autre pierre auparavant. Elle a voyagé à travers le monde en tant que pièce unique pour des expositions jusqu’à ce qu’elle soit sertie pour le bal Tiffany de 1957 et portée par Mme Mary Whitehouse, la première des trois femmes qui ont eu le privilège d’étinceler en la revêtant.
Depuis lors, la gemme a été sertie dans trois autres pièces, dont deux ont été conçues par le célèbre joaillier Jean Schlumberger. Le collier Ribbon Rosette de Schlumberger a été porté par Audrey Hepburn pour faire la promotion du film Breakfast at Tiffany’s (Diamants sur canapé)après y avoir fait une brève apparition. En 1995, il est monté sur la création Bird on a Rock de Schlumberger à l’occasion de la rétrospective organisée au Musée des Arts Décoratifs de Paris en 1995 pour rendre hommage au joaillier. Plus récemment en 2012, pour la célébration du 175e anniversaire de Tiffany, le diamant Tiffany a été serti dans un collier contenant plus de 100 carats de diamants, et plus tard avec une légère modification, Lady Gaga le revêtit aux Oscars en 2019 illustrant ainsi l’un des plus beaux moments de la haute joaillerie sur ce tapis rouge.
Le diamant vert de Dresde
Le diamant vert de Dresde a été vendu au duc Frédéric-Auguste II de Saxe en 1741…
…pour une somme estimée à 4 tonnes d’or. Il a été serti dans un insigne de l’ordre de la Toison d’or, un symbole prestigieux de l’ordre chevaleresque en Europe.
Le Vert de Dresde est le plus gros diamant vert connu.
Photo: Toru Yamanaka / Getty
Un autre diamant de couleur historique est le diamant vert de Dresde. On estime que sa longue histoire a commencé vers 1722, lorsqu’il a été mentionné pour la première fois dans un journal londonien. Le diamant a été acheté en 1741 par Frédéric-Auguste II, dont le père, Auguste Ier, avait constitué une impressionnante collection de bijoux en tant que souverain de Saxe, la capitale de Dresde. Auguste Ier avait aménagé un certain nombre de pièces dans le château de Dresde pour abriter ses trésors, qu’il avait baptisé la Voûte Verte. L’achat du diamant vert par son fils a ajouté une belle pièce à une collection déjà remarquable.
Commandé auprès de l’orfèvre Pallard à Vienne, le Dresde a été conçu serti dans un insigne de l’ordre de la Toison d’or pour chapeau, accompagné de nombreux autres diamants. Le fait le plus incroyable de ce diamant est sans doute que, plus de 200 ans plus tard, il subsiste encore dans ce même sertissage. Depuis lors, la Voûte Verte renfermant le diamant est plus ou moins restée ouverte au public, fonctionnant comme un musée, jusqu’à ce que survienne une tragédie. En 2019, a eu lieu le plus grand vol de tous les temps: plus d’un milliard de dollars en diamants et autres objets de valeur y ont été dérobés. Miraculeusement, le diamant vert de Dresde y a échappé. Il avait été exceptionnellement prêté au Metropolitan Museum of Art de New York. À ce jour, les auteurs de ce pillage courent toujours.
The Pink Star Diamond
Le diamant Pink Star, qui pèse 59,6 carats, est le plus gros diamant de couleur rose vif, sans défaut (Fancy Vivid Pink Internally Flawless), jamais répertorié.
Photo: studio EAST / Getty
Après l’achat, le PDG de Chow Tai Fook l’a rebaptisé CTF Pink Star en mémoire de son père.
Le CTF Pink Star est une pierre de type IIa, un sous-groupe des diamants les plus purs chimiquement. Ils représentent moins de 2 % de tous les diamants dans le monde.
Photo : Ian Gavan/Getty Images pour Sotheby’s
Bien entendu, tous les diamants célèbres ne sont pas forcément centenaires. Au cours des dernières décennies, nous avons eu la chance de trouver des diamants extraordinaires, dont le Pink Star. Anciennement connue sous le nom de Steinmetz Pink, cette gemme a été découverte par le groupe DeBeers en 1999, pesant 132,5 carats dans sa forme brute. Elle a été vendue à des tailleurs de diamants de Beny Steinmetz Group. Steinmetz a mis 20 mois pour tailler la pierre avec précaution afin de préserver son incroyable couleur rose.
Le produit final : une pierre Fancy Vivid Pink classée par le GIA de 59,60 carats, la plus grande connue de cette couleur. Le diamant a été exposé dans plusieurs musées jusqu’à ce qu’il soit vendu aux enchères par Sotheby’s en 2013 pour 83 187 381 dollars, un record mondial pour les pierres précieuses. Mais l’acheteur n’ayant jamais réglé le prix de la vente, le diamant a de nouveau été ajouté à l’inventaire de Sotheby’s, pour être finalement vendu en 2017, au bijoutier Chow Tai Fook de Hong Kong pour 71,2 millions de dollars, ce qui en fait le diamant le plus cher jamais vendu aux enchères.
Ces célèbres diamants de couleur sont exceptionnels bien au-delà des mots et dans de nombreux cas, bien au-delà de toute valeur. Leurs couleurs donnent un nouveau sens au terme rare, nés du parfait alignement naturel des atomes et des conditions géologiques. Couplez l’extrême rareté avec la valeur intrinsèque des années d’histoire et vous obtenez une combinaison de facteurs qui ne peut être reproduite par aucun autre élément sur terre. Qu’ils soient célèbres ou non, tous les diamants ont une longue histoire, qui commence il y a plus d’un milliard d’années et se prolonge encore de nos jours, sur votre doigt, dans un musée ou encore dans le sol attendant sagement leur grande première.