Le Pôle Express

Que faites-vous le 1^er janvier ? Le Coney Island Polar Bear Club, fondé il y a un siècle et célèbre pour ses plongeons annuels dans l’océan Atlantique le 1er janvier, est heureux que vous vous joigniez à lui pour cette activité intensément masochiste. La fête commence le matin sur la promenade et des milliers de personnes s’y rendent, mais, en toute honnêteté, qu’y a-t-il de si amusant ?

D’autant plus que l’hiver offre bien d’autres compensations : les fameuses châtaignes grillées (question : quelqu’un en a-t-il déjà mangé ?), les vitrines magiques des grands magasins, l’excuse pour s’emmitoufler dans des piles de cachemire et, surtout, l’occasion d’apprécier nos amis les ours polaires enneigés, qui, contrairement à nous, sont heureux même s’il fait très froid. Éblouissants dans leur splendide gloire animale, ils ne sont jamais aussi scintillants que celui qui se cache ici, en diamants naturels et en platine.

Mes parents ne nous emmenaient pas au spectacle de Noël de Radio City de New York. Je ne pense pas que ce soit uniquement parce que nous étions juifs, même si cela n’a évidemment pas aidé, mais mon père, un fier machiniste syndiqué, avait en fait un goût pour les formes supérieures de divertissement de masse – un spectacle de Sondheim, par exemple, plutôt qu’un cirque. Ce n’est donc qu’à l’âge adulte, lorsque j’ai assisté au Radio City Show avec Michael Musto et sa tante – une vraie nonne – que j’ai vu les Rockettes, ainsi que la version abrégée de Casse-Noisette, qui fait partie de cette merveilleuse et immuable institution new-yorkaise.

Et une chose est sûre, quelle que soit la splendeur de ce chef-d’œuvre architectural art déco (“Ils ont tous ri du Rockefeller Center, maintenant ils se battent pour y entrer !” écrivait Ira Gershwin en 1937, cinq ans après son ouverture), nous sommes certains que les bijoux Chanel qui décorent ce casse-noisette seraient bien plus beaux à briller sur votre joli doigt ou à se balancer sur votre petit lobe d’oreille qu’à orner ce bonhomme de bois.

“Nous sommes tous dans le ruisseau, mais certains d’entre nous regardent les étoiles“, observait mon très bon ami, le brillant Oscar Wilde, en 1892. Pauvre Oscar, né bien avant son temps, quelle étoile il a été dans sa courte vie, et quelle étoile il serait s’il était parmi nous aujourd’hui, arpentant nos mêmes rues, prisonnier de la boue de nos vies de plébéiens mais regardant vers le ciel.

Le double sens du mot “étoile” n’est jamais aussi puissant qu’en cette saison hivernale, car il nous fait penser aux astres que nous vénérons – non seulement les étoiles du spectacle, mais aussi les étoiles de la bonté, de l’esprit et de la générosité ! Ces étoiles méconnues qui rendent nos vies riches et merveilleuses, ainsi que les corps célestes qui brillent au-dessus de nous dans le ciel d’hiver. Y a-t-il une flamme qui puisse briller plus fort que cet hommage à la galaxie, une création de David Webb à couper le souffle, qui met en valeur des diamants taille brillant ?