Livia Firth à propos de Fashionscapes: Les Diamants du Botswana
Livia Firth, fondatrice d’Eco-Age, revient sur son expérience lors du tournage de «Fashionscapes: Les diamants du Botswana», un épisode de sa série documentaire qui se penche sur l’impact de l’industrie du diamant.
La plupart des connaissances que j’ai acquises dans ma vie ne proviennent pas de l’école, de l’université ou de livres et de rapports. Elles me viennent des endroits que j’ai visités et des gens que j’ai rencontrés et que je continue à rencontrer. Ce sont leurs histoires qui m’informent, leurs vies qui me donnent une vision des enjeux, leurs rêves qui m’apportent résilience et espoir, et leurs solutions qui m’inspirent.
De ma rencontre avec les travailleurs du textile au Bangladesh et au Cambodge, à celle des producteurs de laine en Australie, en passant par celle des rancheros et leurs tanneries au Brésil, peu importe où je me trouve et qui je croise; ces expériences ont changé ma vie.
Avec Eco-Age, j’ai travaillé pendant de nombreuses années avec la maison de joaillerie de luxe Chopard, en examinant sa chaîne d’approvisionnement et en lisant autant de rapports que possible pour apprendre de source sûre l’impact que peut avoir l’extraction de diamants. Je voulais savoir comment une industrie historiquement controversée pouvait œuvrer en faveur des Hommes et de la planète. La découverte d’or, de pétrole ou de diamants, a provoqué des tragédies dans de nombreux pays. Ce qui aurait dû être un heureux événement a engendré des inégalités, de l’instabilité et, dans certains cas, des conflits. Mais, depuis la mise au jour de diamants au Botswana en 1967, une autre histoire s’est dessinée. Le pays a déployé des efforts considérables pour transformer son immense chance en un modèle de développement qui se repose sur ses propres ressources.
Il y a trois ans, alors que je travaillais avec Chopard, un incroyable diamant “The Queen of Kalahari” a été découvert dans la mine Karowe au Botswana. Il a été confié au savoir-faire des ateliers du joaillier. Après avoir été taillé en un ensemble de 23 diamants, baptisé Le Jardin de Kalahari, il a trouvé sa plus juste expression dans une magnifique parure composée de cinq bijoux. La mine a reçu la prestigieuse récompense GCC en reconnaissance de son excellente mise en place de normes de bonnes pratiques dans le secteur d’extraction minière. Bien que ce prix soit le résultat d’un système de validation rigoureux, je voulais aller voir par moi-même afin de comprendre avec précision l’empreinte de l’industrie minière du diamant et comment elle peut être une force positive pour de bon.
C’est ainsi que je me suis retrouvée au Botswana.
Alors que j’atterrissais, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais d’expérience une chose était sûre: l’une des meilleures façons de comprendre le véritable impact de toute industrie est d’écouter ceux qui sont sur le terrain. Au cours de ma visite, j’ai découvert un pays où les habitants ont la possibilité de suivre la carrière de leur choix. Ainsi, un jardinier est devenu grutier, un stagiaire est devenu ingénieur minier et un concierge, après avoir été le premier à réussir haut la main un brevet de secourisme, est en voie de devenir instructeur de sécurité. Bien que chacun ait un parcours très différent, j’ai immédiatement réalisé qu’au Botswana, il existe un vif sentiment d’espoir et de perspective, pas simplement dû aux emplois, mais aussi grâce au chemin d’un avenir meilleur.
L’un de mes moments préféré était mon sejour à l’hotel The Curve, dirigé par une femme extraordinaire qui a développé sa propre activité hotelière grace aux compétences qu’elle a acquises lorsqu’elle travaillait pour un mine. L’exploitation lui a permis d’avoir une ouverture professionnelle qu’elle n’aurait jamais eue auparavant.
Puis, voici Kgalalelo Mokgweetsi, une coordinatrice de vie sociale recrutée par une exploitation minière pour relayer la parole de la collectivité locale. Elle aide à exprimer les besoins. Un bel exemple de réussite est le projet du jardin potager communautaire de Mokubilo, qui soutient les fermes locales, prodigue des denrées alimentaires et dispense des formations professionnelles dont la population a tant besoin.
J’ai également passé du temps avec d’incroyables jeunes étudiants dans une école d’Orapa, financée par une compagnie minière, qui offre une éducation de haute qualité non seulement aux enfants des employés de la mine, mais surtout aux membres de la population locale.
En allant au Botswana, je craignais de trouver le déséquilibre dont j’ai été témoin ailleurs. Au Bangladesh et dans d’autres zones critiques de la fast fashion, j’ai vu les industries du textile abuser de leur pouvoir sur une économie dépendante, puis se défiler sans proposer un vrai plan de rachat
Mais au Botswana, j’ai vu l’illustration de ce qui arrive lorsqu’une entreprise opère en partenariat avec le gouvernement et la société civile. Des investissements à long terme sont réalisés en collaboration avec les communautés locales pour s’assurer que les retombées profitent réellement à ceux sur le terrain.
Je suis allé au Botswana pour examiner une seule chaîne logistique. Mais à la fin de ma visite, je me suis demandée si l’exemple du Botswana ne représenterait pas quelque chose d’encore plus grand – une nouvelle approche pour faire des affaires de manière responsable. Et si cette philosophie était la bonne, elle devrait être protégée avec rigueur et vigilance.